Conservatoire Régional des Espaces Naturels de Midi-Pyrénées

Les intérêts des tourbières


Les intérêts patrimoniaux
(Biodiversité, ressources fourragères, ressources cynégétiques-halieutiques)

Les intérêts fonctionnels
(régulation du régime des eaux)

Intérêts paléo-écologiques:
La palynologie
(une mémoire du passé..)

Autres intérêts



Intérêts patrimoniaux Début du document

    Ressources en biodiversité

      Des espèces rares et inféodées aux tourbières
      Du fait des particularités écologiques des tourbières, on dénombre une centaine d'espèces végétales qui vivent presque exclusivement dans ces biotopes, en Midi-Pyrénées .
      C'est le cas des sphaignes, mousses qui croissent en colonies denses et retiennent l'eau à la manière d'une éponge. Elles ne se décomposent jamais totalement, et s'accumulent au fil des siècles en couches pour former cette roche fossile qu'est la tourbe.


      On observe aussi des plantes carnivores appelées Droséras, des orchidées très peu répandues en France, des ponpons de coton, les Linaigrettes, et plus d'une centaine d'espèces encore, pour beaucoup en voie de raréfaction.

      Les tourbières qui couvrent moins de 0.1% de la surface du territoire de Midi-Pyrénées, pourraient accueillir plus de 10% des espèces végétales rares de la région.


      Des espèces en marge de leur aire de répartition géographique
      En Europe, les tourbières se situent essentiellement au nord du 50° parallèle (excepté la zone arctique au climat trop rigoureux). A des latitudes plus basses, entre le 50ème et le 40ème parallèle, les tourbières compensent l'effet latitudinal en se développant en altitude. La surface de tourbière diminue pour être quasiment nulle à la latitude de l'Espagne et de l'Italie centrale.

      Par la position géographique qu'occupe la région, par les conditions écologiques particulières des biotopes tourbeux, on observe en Midi-Pyrénées, deux groupes d'espèces qui fréquentent les tourbières, en marge de leur aire de distribution principale: les espèces atlantiques en limite d'aire orientale et les espèces boréales ou artico-alpines en limite d'aire méridionale. Ces populations, en limite d'aire pour certaines, en situation d'aire disjointe pour d'autres, renforcent l'intérêt que l'on peut porter aux tourbières de la région.
      Certains vertébrés aussi se réfugient dans les tourbières pour compenser l'effet latitudinal.

      Une biodiversité encore méconnue
      Si la connaissance de la flore supérieure est maintenant assez satisfaisante, les études portant sur d'autres groupes, notamment les invertébrés fréquentant les tourbières, sont encore fragmentaires. On peut cependant noter quelques espèces d'insectes considérées comme menacées en France (Livre rouge national ), et citées en Midi-Pyrénées, soit dans le cadre de l'inventaire des tourbières, soit de diverses sources.



    Ressources fourragères

      Les formations où dominent la molinie ou le jonc se prêtent au pâturage. Ce fourrage n'est pas d'une qualité excellente, il est pauvre en matière azotée, riche en cellulose, et souvent déficitaire en éléments minéraux. Cependant, il peut convenir à une ration d'entretien, notamment pour la production de viande.
      De part la présence quasi permanente de l'eau, les tourbières offrent l'avantage de produire du fourrage même lors des années sèches.
      Ainsi, l'intérêt majeur du pâturage des zones tourbeuses ne réside pas dans la valeur fourragère des prairies, mais dans leur capacité à fournir du fourrage vert certaines années, quand les autres ressources sont faibles du fait de la sécheresse.

    Ressources cynégétiques et halieutiques

      Si les tourbières constituent des lieux de passage pour les cervidés et les sangliers, c'est surtout pour l'accueil des bécassines (Gallinago gallinago) qu'elles trouvent un plus vif intérêt au niveau cynégétique. Pour cette espèce, le maintien d'un milieu herbacé ouvert est absolument nécessaire.

      Au niveau des ressources halieutiques, les zones tourbeuses, pour la plupart oligotrophes, ne fournissent pas une source alimentaire suffisante pour permettre une production de biomasse aquatique importante. Cependant, situées souvent en tête de bassin versant, les zones tourbeuses permettent d'alimenter régulièrement en eau de qualité les rivières, favorisant ainsi la vie piscicole. Certains ruisseaux traversant des zones tourbeuses de type soligène et topogène, constituent des zones de frayères de qualité pour les truites. Ils accueillent aussi des populations d'écrevisses.

Intérêts fonctionnels Début du document

    Régulation des mouvements d'eau

    Pour les tourbières ombrogènes bombées, il a été montré qu'il y a une faible contribution au régime des eaux du bassin versant (MIOUZE C., 1987).

    Le cas des tourbières topogènes et soligènes est tout différent. Il a été étudié à l'échelle des bassins versants par François GAZELLE dans le sud du Massif Central.

    Il s'avère que les tourbières de ce type constituent en quelque sorte une "grosse éponge" . Ainsi, elles assurent:
    - le soutien d'étiage en période sèche (évalué à 500 litres/m²/an);
    - l'atténuation des effets de crues par stockage d'eau lorsque la tourbière n'est pas encore saturée;
    - le ralentissement des écoulements de surface par épanchement de la nappe d'eau.

    Echanges d'eau:
    c en période de crue
    e en période d'étiage

    (d'après F. Gazelle)
    Niveaux du ruisseau:
    1 en période de crue
    2 habituel
    3 en période d'étiage

    L'apport en eau de ces tourbières se faisant de façons diverses,(pluie, pluie du bassin versant ruisselant sur la sagne, eaux infiltrées, ruisseau), il est très important de considérer les tourbières à l'échelle de leur bassin versant !

Intérêts paléo-écologiques: la palynologie Début du document

    Les tourbières actives collectent les " pluies polliniques " qui chaque année se déposent à leur surface. Les pollens et les spores de la végétation avoisinant la tourbière vont ainsi être conservés dans les tourbes en formation. De la même manière, les pollens et spores, s'accumulent aussi dans les sédiments qui comblent les lacs. L'intérêt des tourbières est alors d'être à la fois un milieu où les grains de pollen sont conservés, " fossilisés ", et un milieu présentant une stratigraphie régulière, rarement bouleversée.
    Ainsi, en analysant les pollens et les spores régulièrement, à chaque niveau du gisement tourbeux et des sédiments sur lesquels ils reposent éventuellement, on peut se faire une idée assez précise des différentes formes de végétations qui se sont succédées dans le temps, au voisinage de la tourbière. Cette discipline s'appelle la palynologie.
    Chaque tourbière est donc une archive précise qui conserve les traces des paysages anciens.
    Les gisements les plus anciens permettent de reconstituer l'histoire de la couverture végétale au cours des 38000 dernières années (région du Lac de Lourdes).

Autres intérêts Début du document

    Les tourbières forment aussi des paysages remarquables, éléments originaux du cadre de vie. Elles peuvent être le support d'activités de découverte et de loisirs. La tourbière de la Vergne Noire, par exemple, constitue une étape dans un circuit de découverte en forêt communale de Laguiole. La tourbière des Pansières, et son élevage de vaches Highland Cattle, a été visitée dès la première saison par une centaine de personnes, encadrées par un animateur nature.

Dossier Tourbières Sommaire général