Destructions physiques

On entend par destruction physique, toute modification de la nature du sol, qui peut être plus ou moins irrémédiable pour la conservation des biotopes.

Plantations forestières

Avec la déprise agricole, et grâce au concours des pouvoirs publics désireux de soutenir une politique de reboisement de la France, un grand nombre de sites dont l'usage pastoral périclitait, a été boisé, dès la fin de la seconde guerre mondiale. A une certaine époque  pas si lointaine  c'était même un réflexe " conditionné " dans les écoles.
Il faut bien admettre avec le recul, que ces tentatives se sont révélées être des échecs, tant sur le plan de la sylviculture que sur celui de la conservation durable du patrimoine. Ce constat est fait par la plus grande partie des responsables de la profession forestière:" reboisement à éviter : milieu écologiquement riche et inapte à la production forestière " (CRPF, Chambre d'Agriculture du Tarn, 1995)


Exploitation de la tourbe


Malgré le manque d'intérêt des tourbes régionales pour l'horticulture (tourbe noire très minéralisée, trop peu fibreuse, gisements de faibles volumes), les risques d'exploitation ne sont pas encore nuls (des modifications technologiques pourraient entraîner un regain d'intérêt) . Aussi, la prise en compte des zones tourbeuses dans les schémas départementaux des carrières, devrait-elle être systématique.




Création de plan d'eau


a submersion par création de plan d'eau est aussi un mode de destruction possible. Les plans d'eau peuvent être destinés à l'irrigation, aux loisirs et même à la production d'eau potable ou d'énergie. Des projets de production piscicole ont même été élaborés. Il faut rappeler ici que la tourbe noire acide, noyée, libère beaucoup d'acides humiques dans l'eau, ce qui donne à l'eau une couleur brune et limite la productivité piscicole de tels réservoirs.

Comblement


Le comblement par la construction de routes ou d'autoroute (A64 sur le plateau de Lannemezan), les terrassements pour les aménagements touristiques ou de zones artisanales ou industrielles sont aussi une menace. Il existe même une tourbière ensevelie sous un parking ...

Mise en culture


Certains sites de landes ou de prairies tourbeuses ont fait l'objet de mise en culture.

Perturbation des conditions d'alimentation en eau

Drainage, assainissement
Les effets de l'assainissement d'une tourbière sont très importants. Non seulement la tourbière perd complètement le rôle hydraulique qu'elle jouait, mais également la nature de son sol évolue, condamnant ainsi la végétation typique de ces milieux. Seules en bénéficient la molinie et la callune.
De plus, aucune étude fourragère sérieuse sur un sol tourbeux n'a pu montrer que l'amélioration fourragère compensait l'investissement en travaux de drainage.


Modification des écoulements du bassin versant

Tous les aménagements qui interceptent les écoulements en sous-sol et de surface alimentant une zone tourbeuse, vont contribuer à l'assécher (routes, pistes fossés, captages).
La couverture végétale du bassin versant joue également un rôle pour l'alimentation de la zone tourbeuse. Même s'il est difficile d'évaluer l'impact de la nature de l'occupation du sol sur l'alimentation des zones tourbeuses, il est préférable d'encourager le maintien de milieux ouverts (landes, prairies) aux abords immédiats des sites, lorsqu'ils existent.

Marnage des lacs de tourbières

Certaines tourbières, dont la nappe d'eau est liée à un lac, peuvent subir un assèchement du fait du marnage de ce lac. L'abaissement du niveau d'eau peut aussi être provoqué par la modification de l'exutoire du plan d'eau.

Atteintes à la qualité des eaux, eutrophisation du milieu

D'une manière générale, tout rejet polluant, dans l'eau d'alimentation de la tourbière ou sur la tourbière elle-même va dégrader le site. Il faut donc se méfier des rejets d'usines, de zones urbaines, d'exploitations agricoles, de refuges de montagnes, de stations de ski..., au voisinage des sites.

Arrêt des pratiques d'entretien

Les causes de l'abandon des pratiques d'entretien sont diverses : déprise rurale, difficultés techniques, faible productivité, inadaptation des pâturages humides à certaines productions, maîtrise foncière fragile..
Ceci a pour effet de favoriser le développement de la molinie au détriment des autres espèces, qui disparaîtront. D'autre part, l'apparition progressive d'arbrisseaux et d'arbustes pourra à terme fermer le milieu.

Autres menaces

Parmi les autres menaces, on peut citer les pollutions biologiques (introduction d'espèces non-autochtones), les risques de surpiétinement (bovins, sentiers), ainsi que la cueillette de certaines espèces (droséras).